MONICA LEITE

Monica Leite

Photo Erik Odiin

Peut-on croire encore à l'Union européenne ?

Profondément européenne, j'ai constaté avec déception, les failles de l'Union européenne. Mon avis de m'intéresser à une autre Europe est venue quand le Président du Conseil des ministres italien Giuseppe Conte a dit à une Europe "morte d'aller se faire foutre." L'Europe est morte ! Non. Personnellement, j'ai envie d'y croire.

Les situations de crise

Avec la crise sanitaire du Coronavirus, on constate des dissonances sur les décisions des 27. Pendant que l'Italie s'enlise dans leur confinement depuis le 10 mars 2020 et doit choisir les patients les plus jeunes pour les soins, l'Europe attendra le 9 avril 2020 afin de trouver un plan de soutien de plus de mille milliards d'euros dont cinq cents milliards d'euros disponible de suite pour les zones les plus touchées. Bruno Le Maire, ministre français de l'économie, l'a annoncé sur son compte Twitter. La veille, sur le même réseau social, Monsieur Le Maire, évoquait l'absence entre les pays de l'Union européenne pour répondre à la crise liée au Covid-19 et parlait "d'une honte pour l'Europe". En effet, le 26 mars, les pays membres avaient décidé de reporter l'examen d'un plan de soutien et de mesures exceptionnelles pour les pays les plus touchés par la pandémie. Les Italiens n'ont pas apprécié ce manque de réactivité et se sont exprimés de manière virulente. Europe "laide", "morte et lâche" – le gouverneur de Vénétie, Luca Zaia, a déclaré sur la chaîne de télévision Rete 4 : "Une fois de plus, l'Europe démontre son absence".

Pour l'aider à combattre le Covid-19, l'Italie a pu compter sur la Chine, Cuba et la Russie. Encore une fois, l'Europe n'a pas réagi à temps. Ursula Van Der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a même présenté ses excuses à l'Italie pour le manque de réactivité de l'Europe au début de l'épidémie.

La pandémie du Coronavirus pourrait causer la perte de l'Europe. Un virus, envoyé par les Etats-Unis d'Amérique, sera à l'origine de la chute de l'Union européenne. Les anciens ministres de l'Intérieur allemands, Joschka Fischer et Sigmar Gabriel, expliquent que le "virus"mon pays passe en premier", semble également avoir contaminé l’Europe". Ils continuent : "L'Europe a maintenant besoin de deux choses : une assistance conjointe durant la crise et un programme de relance commun après la crise. Si nous abandonnons maintenant l'Italie et l'Espagne, ils ne le pardonneront jamais à l'Europe et principalement à l'Allemagne. Mais c'est exactement ce que nous faisons maintenant".

Plus, l'Union européenne s'élargit, plus il est difficile de se mettre d'accord. On avait déjà eu le cas pour la crise de 2008 ou la crise migratoire. À l'été 2015, la crise des migrants fait vaciller l'Union européenne. D'un côté, nous avons les pays de l'ouest, avec La France et l'Allemagne en première ligne, qui prônent une politique de quotas pour l'accueil des migrants bloqués à la frontière gréco-turque. De l'autre, nous avons les pays de l'est qui sont en désaccord avec la politique des quotas et refusent d'accueillir des migrants sur leurs terres. Le Premier ministre hongrois Victor Orban expliquera que "l'afflux d'immigrés musulmans constitue une menace pour l'identité chrétienne de l'Europe" pour justifier sa position.

Photo Redcharlie

intérieure d'un pub irlandais sans client, décor tout en bois

Photo Ben Klewais

Les fondements de l'Union européenne

Actuellement, L'Union européenne est une grande zone de libre-échange. En théorie, la libre circulation des biens et des personnes a été mise en place par le Traité de Maastricht en 1992 et la création de l'espace Schengen. En pratique, nous savons très bien que les dirigeants européens ont mis en place des politiques de libre-échange des capitaux. L'Europe est malheureusement dirigée par les libéraux. Des libéraux qui n'hésitent pas à prioriser les politiques de marché et à regarder exclusivement les intérêts économiques au détriment des personnes.

Pourtant, à l'origine, le discours de Robert Schuman, le 9 mai 1950 portait en nous l'espoir d'une Europe fière et forte. Afin de ne plus revivre les traumatismes des deux grandes guerres, le ministre des Affaires Etrangères de l'époque propose la mise en commun de l'acier et du charbon de la France, de l'Allemagne et de tout pays désireux de les rejoindre. Le 18 avril 1951, le Traité de Paris fait suite à la proposition de Schuman. Il est signé par la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Le CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) est né.

Avec le Traité de Lisbonne en 2004, l'Union européenne est créée dans des conditions particulières. En effet, entre le premier référendum irlandais du 12 juin 2008 qui rejetait le traité, la ratification difficile des Tchèques face au président Klaus, eurosceptique et les ratifications françaises et néerlandaises par voie parlementaire contre l'avis de leur population (cf. Référendums de 2005), la construction de l'Union européenne ne s'est pas fait dans la sérénité. L'accouchement fut difficile.

Depuis, nous sommes pendus aux institutions européennes pour les décisions nationales : les différentes politiques d'austérité pour la Grèce, l'Italie ou le Portugal ou la condamnation de la Pologne, de la Hongrie et de la République Tchèque par la cour de justice européenne pour avoir refusé d'accueillir des migrants en 2015. L'Europe se place au-dessus des états et c'est une des raisons du désamour des Européens aux institutions européennes et qui a fait fuir les Britanniques.

Croire en une Europe forte, solidaire et sociale

La population européenne devient de plus en plus eurosceptique et le fait savoir. L'exemple le plus criant est la victoire écrasante de l'extrême droite française aux dernières élections législatives – qui réclame la sortie de l'UE. Un récent sondage Odoxa pour l'Iris et le Parisien, seulement 26 % des Français de 18 à 30 ans pensent que la construction européenne est une source d'espoir. Selon des sondages réalisés par l'Eurobarometer en 2019, les Italiens sont 41 % à estimer que leur pays à bénéficier de son appartenance à l'UE contre 91 % de Maltais. Pire, 47 % des Tchèques voteraient pour rester dans l'Union européenne si un référendum serait organisé aujourd'hui contre 83 % des Luxembourgeois. Comment construire une Europe forte, solidaire et sociale quand une grande partie des pays sont réticents à s'investir dans le projet européen ? La mission s'avère difficile. Néanmoins, il ne faut pas baisser les bras.

Nous pouvons partir du Brexit. Depuis le 1er février 2020, le Royaume-Uni est sorti de l'Union européenne. Quatre ans auparavant, 51,9 % des Britanniques avaient demandé le Brexit lors d'un référendum. Cet épisode que redoutaient tous les gouvernements des 27 peut se transformer en un profond questionnement de l'Europe. Si un nouveau pays copie les Britanniques, ce sera catastrophique pour la cohésion et la crédibilité des Européens. Pour paraphraser le président Macron, " il faut rendre l'Europe plus souveraine, plus démocratique, plus proche de nos concitoyens et donc plus simple aussi dans son quotidien et que nous réussissions à rebâtir un projet européen plus clair". Maintenant, il faut accompagner cette belle parole d'actes concrets. C'est ce qu'attendent les Européens. C'est ce qu'attendent les Européennes.