MONICA LEITE

Monica Leite

ciel pris de nuit avec la lune et une ombre de buisson ou d'arbre, photo nuance de gris

Photo Shawna Schill

La fausse couche ; quand le tragique devient banal

En France, entre 15 à 20 % des grossesses se finissent par des fausses couches. Un évènement banal pour le corps médical mais une autre réalité pour ceux qui le vivent.

Une fausse couche, appelée aussi un avortement spontané, est un épisode sans conséquence pour les médecins et surtout anodin. Près d’une femme sur 3 a subi ou va subir une fausse couche dans sa vie. La majorité des cas se solderont par un acte banal et isolé, arrivé dans les deux premiers mois de la grossesse.

Les causes peuvent être multiples mais si c’est une première grossesse, les gynécologues ne s’alarment pas.

Alors comment explique t-on le phénomène de la fausse couche ? Le corps médical s’accorde à dire que ce phénomène naturel se traduit par le fait que l’embryon présente une anomalie et est rejeté par le corps ou lorsqu’un embryon n’arrive pas à s’implanter dans l’utérus. Différents symptômes peuvent apparaître pendant une fausse couche ; saignement, douleurs ou disparition des symptômes de grossesse. Mais comme l’expliquent souvent les sages-femmes, la plupart des fausses couches ne se traduisent par aucun signe. De nombreuses femmes découvrent la fausse couche lors d’une simple échographie de routine. On sait maintenant que la fausse couche n’est pas héréditaire, ni provoquée par la fatigue ou le stress. En revanche, de nombreuses explications peuvent être données à l’énigme de cet événement médical :

– L’alcool, le tabac et la drogue

– Des conditions extrêmes de travail

– La pratique de sports violents ou extrêmes

– De longs déplacements

– Une anomalie génétique comme le gène de la trisomie

– Une malformation ou une anomalie de l’utérus

– Certaines infections ou Maladies Sexuellement Transmissibles (MST)

– La mauvaise qualité du sperme de l’homme

Au vu des sentiments que la majorité des femmes éprouvent après leur fausse couche, on essaye depuis toujours d’expliquer cet acte. Néanmoins, toujours selon le corps médical, seules les fausses couches à répétition peuvent et doivent être expliquées. Seulement 1 % de femmes connaissent ou vont connaître des fausses couches à répétition (avortements spontanés successifs.)

Aussi banale qu’elle soit, la fausse couche est synonyme de culpabilité, de tristesse, de stress et parfois même de dépression. Des sentiments liés à la perte d’une personne proche sont ressentis. On se sent responsable de la perte de son bébé. Qu'elle le veuille ou non, une femme ressent un sentiment de vide énorme à la suite d'une fausse couche. Elle se dit que son bébé est mort par sa faute  ; qu'elle a dû faire une activité, un mouvement qu'elle n'aurait pas dû. De nombreuses thérapies sont disponibles à l'hôpital ou grâce aux associations pour aider les femmes à surmonter ce traumatisme.

ciel bleu sombre pris de nuit avec la lune couleur rouge et d'arbres

Photo Kelly Sikkema

femme de profile qui cache son visage sous ses cheveux chatain

Photo Eric Ward

gros plan sur une roche noir

Photo David Jorre

Les mamans, mais également les papas, sont touchés par ce tragico-banal “accident”. L’homme ne partage pas sa douleur psychique. Il a un rôle d’écoute et de soutien envers sa femme. Un rôle imposé par la société et le tabou qui entoure les sentiments des hommes par rapport à un acte de maternité. Il se doit d'être l’oreille attentive et compréhensive. Personne ne reconnaît pas encore la douleur du futur papa, l’attachement qu’il avait déjà avec l’embryon ; comme si les hommes n'étaient pas capables de paternité. On a tendance à se convaincre que l’homme est fort et qu’il peut tout surmonter. Cependant, comme tout être humain, l'homme ressent des sentiments vifs vis-à-vis de la venue ou non d'un enfant. De plus en plus, la parole des hommes se libère. De nombreux hommes se livrent à des témoignages sur leurs craintes, leurs peurs, leur tristesse et leur souffrance sur la fausse couche. Harold Colbert dans son livre “Dieu surfe au Pays Basque” nous exprime son désarroi face à la perte d’un enfant attendu.

Plus récemment, Mark Zuckerberg, le célèbre fondateur de Facebook se confiait sur les fausses couches à répétition de sa femme : “ Vous êtes tellement heureux quand vous apprenez que vous allez avoir un bébé. Vous commencez à rêver, à faire des plans, et tout à coup, ils disparaissent.[...] C’est une expérience solitaire. On craint que cela ne nous éloigne des autres ou de n’être plus vu qu’à travers cela ; comme si on était défectueux ou coupable.” Le sujet est ouvert. Invitons les hommes à s'ouvrir davantage et à s'exprimer sur le sujet.

homme barbu assis sur un canapé en cuire maron le bras droit sur l'acoudoir et la main sur ses yeux et la main gauche sur sa jambe croisé

Photo Nick Shuliahin