MONICA LEITE

Monica Leite

Papa à la maison ; drôle d’idée !

Le concept est un peu surprenant et parfois absurde. Avec l’évolution des mœurs, les hommes sont de plus en plus nombreux à rester à la maison après la naissance des enfants. Retour sur une petite révélation sociétale...

« Maintenant, je sais faire des tresses » dit Bertrand, père de 3 filles et au foyer depuis 5 ans.« Ce qui est génial dans ma position, c’est que je vois mes filles évoluer, devenir des jeunes femmes. Elles me surprennent chaque jour. Je ne regrette pas ce choix même si la majorité des gens ne le comprenne pas. » Bertrand semble heureux dans son rôle de père au foyer mais, il semble bien seul. En France, il y a tellement peu de pères au foyer qu’il n’y a aucune étude qui puisse les dénombrer.

Il y a plusieurs raisons qui poussent un homme à être à la maison. Si la perte d’un emploi et le chômage sont la première raison des pères au foyer américains, on constate qu’en France, les pères décident de vivre pleinement leur paternité volontairement. « J’avais une entreprise qui employait 5 personnes et qui était en pleine expansion dans la communication quand mes jumelles sont arrivées. Quand j’ai assisté à leur naissance, j’ai compris que je devais m’investir dans leur éducation et ne rien louper des moments rares comme les premiers mots ou les premiers pas. » Le témoignage de Bruno laisse transparaître une volonté de plus en plus grande des hommes de vouloir s’investir pleinement dans leur rôle de père.

Beaucoup d’hommes rêvent d’être de parfaits pères au foyer, peu tentent l’expérience.

père et son enfant assis sur un vieux pont en bois au milieu d'un lac

Photo Caleb Jones

Depuis les années 80, les pères retrouvent petit à petit le chemin du foyer. Les Étasuniens et les Canadiens sont les pionniers en la matière. Il était 5 % de pères au foyer aux États-Unis en 1989 et 20 % en 2014. Loin devant les Français qui ne sont que 4 % de pères à jouir de leur droit au congé paternité. Le gouvernement Hollande, par l’intermédiaire de la ministre Najat Vallaud-Belkacem encourage les pères à prendre leur congé paternité en faisant voter un rallongement du congé paternité de 6 mois si c’est le père de l’enfant qui en bénéficie. Cela va-t-il bousculer l’ordre établi depuis des siècles ? Pas si sûr. L’image de la mère au foyer s’occupant des enfants et du bon père de famille allant au travail gagner son pécule qui fera vivre sa famille a encore de beaux jours devant lui. Les anti-pères au foyer disent que la situation du père qui reste à la maison et d’une mère au travail voir carriériste est mauvaise pour le psychisme et que l’enfant a besoin de la présence de la mère, plus que de la présence du père. Quant au monde impitoyable de l’entreprise, il dévalorise, voir, il décrédibilise l’image du père au foyer au préférant des candidats sans enfants ou en ne proposant pas de congé paternité aux hommes car c’est aux femmes-mères de le prendre. Si l’on essayait de voir quelle est l’influence d’un papa au foyer sur les enfants ; aucune étude n’a été réalisée et le monde de la psychologie infantile ne soumet aucune objection à ce tout nouveau mode de vie.

Pour ma part, je pense que cette petite révolution a deux points forts ; le premier est que les hommes prennent de plus en plus part à l’évolution et à l’éducation de leurs enfants. Les enfants en sont les premiers bénéficiaires. Ils voient un nouveau modèle de famille et cela les rends ouverts d’esprit. Le deuxième point fort concerne les femmes ; elles peuvent se consacrer davantage à leur carrière et s’accomplissent en tant que femmes et pas seulement en tant que mères. On en devient de plus en plus égaux pour le droit au travail. Que cela continue...